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La suppression du quota offre de nouvelles opportunités pour le secteur laitier

Louvain - jeudi 26-03-2015

Les quotas n’ont plus de sens dans la nouvelle politique agricole et commerciale.

Les quotas n’ont plus de sens dans la nouvelle politique agricole et commerciale

Depuis 1992, l’UE a opté pour une politique de prix inférieurs, complétés d’une aide directe au revenu. Le secteur laitier était le dernier secteur avec la Réforme de Luxembourg en 2003 qui a été implémentée pendant quatre ans et pleinement réalisée en 2007. Les subventions à l’exportation pour les produits laitiers sur le marché mondial ont été mises à zéro, d’autres subventions à la vente dans l’UE ont été supprimées. L’UE s’est ainsi inscrite dans la libération du commerce mondial. Le subventionnement de l’exportation de produits agricoles, au détriment de l’agriculture dans les pays de développement, n’était en outre plus socialement acceptable. Les prélèvements à l’importation ont été réduits et devront à terme être diminués. Dans un même scénario, où nos frontières sont ouvertes et nos subventions sont supprimées, les quotas n’ont plus aucun sens. Les quotas ne peuvent qu’engendrer une augmentation de prix si le marché interne est suffisamment protégé. Le recentrage sur son propre marché n’est à la fois politiquement ni économiquement réalisable et socialement indésirable. L’Europe devra jouer un rôle dans la fourniture de nourriture suffisante à la population mondiale. Les challenges sont donc énormes.

 

Déjà en 2009, il a clairement été démontré que les quotas, implémentés dans une nouvelle politique agricole et commerciale, ne sont plus un instrument qui fait augmenter le prix.

 

Les quotas sont déjà sans effet dans beaucoup d’Etats membres

La suppression du quota, le 1er avril 2015, est déjà fixée depuis 2003. Les producteurs laitiers ont donc eu beaucoup de temps pour se préparer à ce changement. Dans la dernière campagne laitière 2013-2014, pas moins de 20 des 28 Etats membres sont restés en dessous de leur quota attribué. 14 Etats membres sont même restés 10 % ou plus en dessous de leur quota. Les quotas n’y jouaient plus leur rôle de régulateur de volume. Le marché et les prix du lait ont repris ce rôle dans ces Etats membres et déterminent dès à présent la quantité de lait devant être produite.

Avec une augmentation graduelle des quotas laitiers, en préparation à leur suppression définitive, la spécialisation régionale a à nouveau pu fonctionner au sein de l’Europe. Ceci signifie que les produits agricoles sont surtout produits là où les conditions de production sont les plus favorables. Ainsi, la production laitière en Europe du Nord-Ouest (l’Ouest de la France, la Belgique, l’Allemagne, le Danemark, la Pologne, les Etats Baltiques) a clairement augmenté, tandis que l’Europe du Sud et du Sud-Est ont connu une baisse considérable.

 

Le marché mondial croissant offre des opportunités

Au niveau mondial, la consommation de lait et de produits laitiers a augmenté de 19 % ou 125 mia de litres sur la période 2005-2013. Chaque année, la consommation a donc augmenté de presque 16 mia de litres ou 2,4 %. Ceci est partiellement dû à la croissance de la population mondiale, mais également au style de vie changeant dans les pays émergents. Lorsque la prospérité augmente, les gens veulent consommer plus de protéines animales et le lait et les produits laitiers obtiennent ainsi de bons résultats avec leurs bienfaits santé. Tous les experts sont d’accord à ce propos, la croissance de la consommation de produits laitiers au niveau mondial persévérera dans les dix années à venir et ce avec environ 2 à 3 % par an. Cette croissance aura principalement lieu en Asie, en Amérique du Sud et en Afrique.

"La demande en produits laitiers continuera d’augmenter ces prochaines années, mais surtout en dehors de l’UE et dans les régions qui sont déjà déficitaires en lait. Les régions actuellement exportatrices devront produire davantage de lait pour satisfaire cette demande. L’UE et la Belgique ont aussi un rôle à jouer à ce niveau” a souligné Kevin Bellamy, expert laitier senior à la Rabobank et orateur invité à l’assemblée annuelle de la CBL en juin 2014.

Au cours des dernières années, ce commerce mondial a fortement augmenté. Les prix aussi connaissent une croissance au niveau mondial : sur la période 1994-2006, le prix du marché mondial pour la poudre de lait entier s’élevait environ à 1.838 USD/tonne, sur la période 2007-2014, la moyenne était d’environ 3.741 USD/tonne. Avant 2007, il y avait encore des subventions à l’exportation pour la poudre de lait provenant de l’Europe, ensuite plus. L’UE peut maintenant exporter sur le marché mondial sans subventions et peut saisir de nouvelles opportunités.

 

Les producteurs laitiers belges profitent des opportunités au niveau mondial

La grande amélioration du prix du lait dans notre pays, notamment 34,4 euros/l, payé sur la période 2010 jusqu’à 2014, par rapport à 30,8 sur la période 2007-2009 et 28,7 sur la période 2004-2006 est dû aux bonnes possibilités d’exportation. Le secteur laitier ne peut échapper au pouvoir de négociation des grandes surfaces, que si l’exportation fonctionne bien. Alors seulement les prix peuvent augmenter.

A l’approche de la suppression du quota, nos producteurs laitiers ont toujours pleinement utilisé les augmentations de quota. Ils désirent clairement suivre le scénario de croissance. Les livraisons de lait ont ainsi augmenté de pas moins de 18 % dans notre pays sur la période 2006 à 2014 ! L’industrie laitière a anticipé la période sans quotas : les investissements ont augmenté de pas moins de 50 % durant les 3 dernières années par rapport aux années précédentes. Tout le lait supplémentaire a pu être transformé et commercialisé. Entretemps, la capacité de production de notre industrie laitière a été augmentée, modernisée et la gamme de produits a aussi été améliorée. L’industrie laitière est prête à saisir les opportunités d’exportation à venir. Une petite croissance est même encore attendue sur le marché européen. La suppression des quotas fournira une bouffée d’oxygène au secteur laitier, nous observons déjà maintenant une dynamique accrue !

 

La suppression des quotas pourra causer des problèmes de transition temporaires

Suite aux prix du lait favorables en 2013 et 2014, la production laitière a fortement augmenté dans l’UE et presque partout dans le monde. Cette augmentation était supérieure à l’augmentation normale de la demande et les prix ont été mis sous pression en conséquent. En plus, l’embargo de la Russie et la suppression temporaire de la demande chinoise (la Chine a connu une telle expansion de l’importation, qu’actuellement les stocks doivent d’abord être supprimés). Les prix ont ainsi encore plus baissé. Début janvier 2015, la chute des prix des produits laitiers a pris fin et nous observons une stabilisation et même des signes de reprise. Toutefois, l’importante baisse des prix de vente n’a pas encore tout à fait été répercutée au producteur.

Nous devrons donc faire face à des conditions de marché difficiles durant les six premiers mois. Une forte augmentation des livraisons de lait après le 1er avril 2015 n’est pas souhaitable et ne serait pas favorable pour la reprise naissante. La suppression du quota peut causer quelques problèmes à court terme, mais les perspectives à moyen et long terme restent particulièrement favorables ! Comme c’est déjà le cas dans 20 autres Etats membres et dans la plupart des parties du monde, les producteurs laitiers devront apprendre à gérer les signaux du marché.

 

Les nouvelles opportunités sont plus importantes que les problèmes de transition temporaires

Sur le long terme , la suppression du quota devrait s’avérer une bonne chose pour le secteur laitier belge. La demande mondiale croissante en produits laitiers offrira à l’ensemble des acteurs de la filière de nouvelles opportunités pour le développement tant en volume et qu’en prix. Notre pays jouit d’un bon climat pour la production d’herbe et la production laitière, nos producteurs laitiers connaissent leur métier, nous avons une bonne qualité de lait et au niveau de la durabilité, nous avons aussi accompli beaucoup. L’industrie laitière a considérablement été renouvelée et développée ces dernières années, nous disposons de sites de production modernes et compétitifs et nous avons à la fois les produits et le savoir-faire pour l’exportation vers les pays tiers.

La Confédération belge de l’industrie laitière (CBL) a, ensemble avec l’AFSCA, fourni de nombreux efforts au cours des dernières années pour atteindre de nouveaux pays d’exportation (agrément pour la Chine, Cuba, la Russie, …). La CBL a également collaboré à une initiative des Régions flamande et wallonne qui ont introduit un projet ambitieux pour la promotion des exportations auprès de la Commission UE. Début mai 2015, nous saurons si notre projet de deux ans, avec un enjeu de 1 million d’euros sur les régions de l’Asie du Sud-Est et le Moyen-Orient, pourra démarrer. En collaboration avec les organisations agricoles et les autorités diverses, l’industrie laitière veut saisir les opportunités au profit de l’entièreté du secteur laitier et secteur du bétail laitier !